BIOGRAPHIE
Le frère Jean-Paul Vesco est né à Lyon en 1962. Après avoir fait des études de droit et exercé la profession d’avocat, il entre dans la province dominicaine de Lyon (rattachée aujourd’hui à la province de France) en 1995.
Ordonné prêtre en 2001, il est assigné un an plus tard dans la communauté dominicaine de Tlemcen en Algérie dans le diocèse d’Oran. Il s’agissait pour les frères dominicains de « revenir » en Algérie après les années noires de la guerre civile qui avait « emportées » tant de chrétiens et en particulier le frère Pierre Claverie, évêque d’Oran, assassiné à la porte de son évêché en août 1996.
Il est nommé vicaire général du diocèse en 2005 jusqu’à son élection comme provincial de la province dominicaine de France au chapitre de Noël 2010. Certains pouvaient penser alors que son aventure algérienne allait s’arrêter là ! Ils se trompaient car, deux ans plus tard, le 1er décembre 2012, le pape Benoit XVI le nomme évêque d’Oran. En 2015, le pape François l’invite à participer au synode sur la famille, occasion pour lui d’avoir une attention particulière pour les divorcés remariés.
Le 8 décembre 2018, il a la joie d’accueillir dans la cour intérieure de l’église Notre-Dame de Santa Cruz, dominant la baie d’Oran, la béatification des 19 martyrs d’Algérie. Trois ans plus tard, le 27 décembre 2021, il est nommé par le pape François archevêque d’Alger. Il prendra possession de sa cathédrale le 11 février 2022, en la fête de Notre-Dame de Lourdes …
Puisque le mois de décembre est souvent pour le frère Jean-Paul le mois de tous les possibles, c’est le 7 décembre 2024 qu’il est créé cardinal à l’occasion du consistoire ordinaire convoqué par le pape François. Dans un entretien qu’il vient de donner à « Vatican News », le nouveau cardinal revient sur ce moment : « C’est un moment extraordinairement particulier, extraordinairement fort, extraordinairement inattendu, que j’ai reçu comme un appel à me renouveler profondément, intérieurement… Ce qui est particulier dans cette nomination, cette création, c’est qu’il n’y a pas véritablement un changement de fonction. Je reste archevêque d’Alger. C’est à la fois évidemment une dimension honorifique, mais au fond, ma question est pourquoi ? Je n’en ai pas besoin pour être l’archevêque que je suis… Je quitte Rome avec ce « pourquoi ? », mais dans la confiance. Parce que ce « pourquoi » a trouvé son apaisement dans l’échange de regards avec le Pape François ».
Cette question du « pourquoi » trouve une réponse par-delà sa personne dans ce qu’elle signifie pour l’Église d’Algérie : « Je pense que c’est effectivement un très beau signe de reconnaissance et nous en avons besoin. Quand on est en situation d’extrême minorité, notre Église a besoin de ce signe qui donne de la force qui dit cette proximité avec nous qui sommes aux périphéries. C’est un lien avec le centre de l’Église, qui est perçu comme ça par les autorités algériennes et donc c’est un très beau cadeau. »
Tout le monde a remarqué que le frère Jean-Paul ne s’est pas présenté devant le pape en soutane rouge mais avec son habit dominicain. Une décision mûrement réfléchie. Il s’en explique : « C’était une vraie décision qui, pour moi, m’a mis profondément en question. J’ai passé beaucoup de temps de réflexion, ce n’était pas du tout un coup de tête. Il y a plusieurs raisons. D’abord, tout simplement, c’est traditionnel, c’est dans le droit canon. Pour les évêques religieux, l’habit religieux tient lieu de soutane… Pour nous, religieux, notre habit de vie, c’est notre habit religieux et pour moi il est dominicain. Cela avait donc du sens pour moi de signifier aussi l’existence de cette règle-là avec la bénédiction du Saint-Père, et donc d’être créé cardinal dans l’habit dans lequel je suis entré dans l’Église…
La deuxième raison, c’est un clin d’œil à saint Pie V au XVIᵉ siècle, un Dominicain élu pape qui décide de ne pas être en rouge comme ses prédécesseurs, mais de rester dans son habit religieux. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, depuis Saint Pie V, les papes sont en blanc dans un habit qui ressemble à l’habit dominicain.
Enfin, c’était aussi un signe de fraternité et de solidarité fraternelle avec mon frère Timothy (le père Radcliffe, ancien maitre de l’ordre des Dominicains, lui aussi créé cardinal le 7 décembre) qui, n’étant pas évêque, étant véritablement dans son éthos de dominicain, n’imaginait pas, dès lors que c’était possible, revêtir cet habit rouge. »
C’est donc en tant que cardinal que le frère Jean-Paul va entrer dans l’année jubilaire sur le thème « Pèlerins de l’espérance ». Un moment important pour son diocèse d’Alger : « Pour nous, il va avoir un grand écho, parce que ce jubilé marque les 25 ans après l’année 2000 qui est pour nous une année charnière, parce que c’est la fin des dix années de guerre civile, on ne sait pas comment l’appeler… « guerre idéologique », « conflit intérieur » dans laquelle 19 des membres de notre Église, dont les moines de Tibhirine, Mgr Pierre Claverie, ont trouvé la mort. Et tout d’un coup, il y a une vie dans ce pays après ces années de terrorisme.
Ce jubilé est un moment pour ouvrir des portes d’espérance, c’est très beau. On a tellement de portes à ouvrir dans nos communautés, pour que l’on soit des témoins d’espérance aujourd’hui dans ce monde. Et puis une année jubilaire, c’est une année de demande de pardon, et je crois qu’il n’y a pas d’espérance sans assurance d’un pardon. Les deux se nourrissent. Je crois que nous savons que notre monde d’aujourd’hui a vraiment besoin d’une année jubilaire, d’une année de demande de pardon, d’ouverture de portes et d’espérance. »
Rendez-vous à Lourdes au prochain Pèlerinage du Rosaire pour vivre un temps fort de ce Jubilé avec notre frère Jean-Paul !
